Photographie de Charles de Gaulle au mémorial éponyme de Colombey les Deux Églises
© Alexandre MARCHI/Gamma-Rapho via Getty Images
Appel historique
Il est 18 heures, le 18 juin 1940 lorsqu’un général deux étoiles, répondant au nom de Charles de Gaulle, enregistre son appel aux français, depuis le siège de la BBC à Londres, les enjoignant de poursuivre le combat, en dépit du discours de défaite prononcé la veille par le Maréchal Pétain. Ce dernier s’était adressé au peuple, quelques jours après que l’armée allemande ait fait son entrée dans Paris, signe pour lui que la guerre était perdue et que l’heure était à la négociation avec l’ennemi. C’était sans compter sur l’indocilité de ce jeune général qui n’entendait pas s’avouer si vite vaincu.
Si, dans son discours, de Gaulle reconnait une certaine défaite, il insiste sur le fait que la guerre n’est pas terminée et qu’il n’est certainement question de rendre les armes. Devenu proche de Churchill, qui souhaite prendre part au conflit (en dépit du sentiment général de son propre cabinet), de Gaulle souligne le fait que la France n’est pas seule, puisqu’elle dispose « d’un vaste empire derrière elle » - faisant référence à l’Afrique Équatoriale française et aux territoires d’Outre-Mer – , du soutien de l’Empire Britannique et de « l’immense industrie des États-Unis ». Pour de Gaulle – plus, sans doute, par vœu pieux que par réelle conviction à ce moment là –, cette guerre n’est pas la guerre européenne décrite par Hitler et Pétain mais bien une guerre mondiale et, grâce à la résistance et aux différentes alliances, la victoire est encore possible.
Il achève cet exposé en lançant son fameux appel aux français dans lequel il « invite les officiers et les soldats français […], les ingénieurs et les ouvriers spécialistes des industries d’armement » à se mettre en rapport avec lui qui considère que « la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas ». Le 18 juin, très peu de français entendent le discours. Le 19 juin, lors de sa publication dans la presse de la France Libre, ils ne sont toujours qu’un petit nombre à lire les lignes prononcées par de Gaulle et encore moins nombreux à se trouver alors galvanisé par ces dernières. Et pourtant, l’Histoire nous l’a montré, le Général aura été entendu. 80 ans après avoir été porté par les ondes Britanniques, cet Appel du 18 Juin 1940 résonne encore dans la mémoire collective comme un formidable vecteur de patriotisme, d’unité, de courage, de dignité et d’insoumission, valeurs aujourd’hui encore chères au cœur de la nation.