Valéry Giscard d'Estaing reçoit Paris Match à l'Elysée, Août 1979

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Le monopole du coeur. Hommage

En ce jour de deuil national, nous avons souhaité rendre hommage à Valéry Giscard d’Estaing qui s’est éteint le 2 décembre 2020. Celui que l’on appelait plus communément « Giscard » fait son entrée en politique en 1959, en tant que secrétaire d’état aux Finances. Rapidement remarqué pour son dynamisme, son efficacité et son ambition débordante, le jeune Giscard, pur produit de l’élite française, est nommé ministre des Finances en 1962, sous le premier mandat de de Gaulle, de qui il se rapproche manifestement. Pourtant, lors de la réélection du général en 1965, Giscard, jugé trop centriste et trop indépendant, ne fera pas partie du nouveau gouvernement et se voit contraint de quitter son bureau du Louvre et un poste qui le rendait, disait-il, heureux. S’étant vu proposé d’autres responsabilités, Giscard avait alors répondu « soit je reste et je travaille à ce que je sais faire, c’est-à-dire les finances publiques, soit je m’en vais ».

Son retour au gouvernement devra attendre l’arrivée au pouvoir de George Pompidou, en juin 1969. Sous le gouvernement de Jacques Chaban-Delmas, il retrouve son poste de ministre des Finances, qu’il occupe jusqu’à l’élection présidentielle de mai 1974, de laquelle il sort victorieux, devenant le plus jeune président de la Vème république, à seulement 48 ans. Valéry Giscard d’Estaing avait d’ailleurs regardé les résultats de l’élection seul, volontairement seul, dans son bureau du Louvre. Interrogé en 2017 à ce sujet, Giscard avait répondu, d’un air légèrement amusé, sur le ton de l’évidence : « Parce que je suis seul. Lors d’un grand évènement vous êtes seul ».

Cet homme, que l’on jugea souvent trop froid, trop technocrate et trop éloigné des français, a pourtant mené à bien, lors de son septennat, des réformes qui ont transformé la société française. C’est à lui que l’on doit la dépénalisation de l’avortement, le divorce par consentement mutuel, l’abaissement de la majorité à 18 ans ou encore la création des APL. Moderniste et progressif, Valéry Giscard d’Estaing a par ailleurs ouvert une nouvelle ère en se faisant photographier au ski, sur des terrains de foot ou encore lors de ses célèbres dînés chez des particuliers. Certains diront que tout cela n’était qu’une opération de communication pour le défaire de son image de raideur et d’inaccessibilité. D’autres le savaient aussi incompris. Lorsqu’on l’accusait de froideur, il se disait réservé. Lors d’un débat avec Mitterrand avant les élections de 74, Giscard avait asséné à son adversaire cette réplique devenue culte « Vous n’avez pas, Monsieur Mitterrand, le monopole du cœur ».