Vue intérieure de l’Opéra national de Paris Garnier prise le 31 mars 2017, Paris
© Gilmanshin/Shutterstoc
Anniversaire d’un temple du spectacle. À la gloire des arts de la scène
Au bout de quinze longues années de travaux, Paris inaugurait son premier opéra, alors le plus grand du monde, le 5 janvier 1875. C’est Napoléon III qui en avait eu l’idée et qui avait organisé, en 1860, le premier concours d’architecture. C’est Charles Garnier, jeune architecte de 35 ans, parfaitement inconnu, qui remporta le projet face aux 171 autres participants. Parmi les contraintes attenantes à la construction, il était impératif que le nouvel édifice s’inscrive dans la continuité des travaux du baron Haussmann, qui avait modernisé la capitale et ouvert de grands axes.
Sur ce chantier qui va durer 15 ans, Charles Garnier réunit les meilleurs ouvriers de France, ainsi que les plus grands peintres et sculpteurs de l’époque. Entre les changements de budgets et les aléas de la vie politique, la construction est loin d’être un long fleuve tranquille. Mais, le travail payant toujours, Charles Garnier livre, avec cette nouvelle salle de spectacle d’une capacité de 2, 156 places, un véritable monument architectural. Avec ses sculptures allégoriques, ses dorures et ses colonnes torsadées, ce style inédit, baroque et fantasque, joyeux et festif, est à l'image de la haute société du Second Empire. L’Opéra s’organise autour d’un splendide escalier central sur les marches duquel se jouent toutes les mondanités d’usage.
Le soir de l’inauguration, le président Mac-Mahon est en compagnie de plus de 2, 000 invités, tout le gratin de la haute société de l'époque, dont la famille royale d’Espagne et le lord-maire de Londres. Jugé « trop second empire », Charles Garnier est contraint de payer sa place… Le public lui réserva toutefois une ovation à la hauteur de son chef d’œuvre, à l’issue des représentations qui comptèrent, entre autres, l'ouverture de La Muette de Portici d'Auber et La Source, un ballet de Léo Delibes. En cette période de crise qui a vu le monde de la culture particulièrement mis à mal, nous sommes solidaires de tous les artistes et rêvons des spectacles futurs.